Ah voilà un sujet intéressant ! Mais d’abord qu’est-ce que la retouche photo ?
Si je vous dis qu’aucune des photos que je publie ne vient directement de mon boitier, vous avez peut-être envie de savoir ce qu’il se passe entre les deux ? Allez, explications !
Développer les photos mais pour quoi faire ?
Oui c’est vrai ça ! Par définition la retouche photo consiste à modifier une photo. Mais attention à ne pas confondre avec le trucage qui consiste à rajouter des personnes ou des photomontages. La retouche photo est faite elle pour modifier l’aspect visuel d’une image par exemple : l’exposition, le contraste, etc. La retouche photo permet aussi d’enlever des boutons, des imperfections de peau. Dans les photos de coucher de soleil, la retouche permet d’accentuer la coloration du ciel pour avoir un résultat plus flatteur. Mais ce n’est pas tout, on peut aussi passer rapidement la photo en noir et blanc ou sépia selon notre choix artistique. Ce sont des exemples de retouches photos, mais la liste ne s’arrête pas là !
Le développement et la retouche photo au temps de l’argentique
Il fut un temps (pas si éloigné) où les photographes devaient avoir de sérieuses connaissances en chimie. Je pense évidemment au célèbre laboratoire photo, ce lieu où la magie se révèle, les épingles sur le fil pour faire sécher les photos… Cet endroit ne parlera sans doute pas aux moins de 20 ans et c’est bien normal (je me mets un peu dedans aussi !). C’est le temps des pellicules argentiques : kodak gold max, ilford, fuji neopan, tri x et j’en passe ! C’est aussi celui des dates de péremptions des « péloches ». Ce sont de longues journées passées dans le noir à voir ses photos se révéler dans différents bains de produis chimiques pour obtenir le résultat escompté ! Pas mal de patience donc, de la précision dans les gestes mais pas si difficile pour les connaisseurs même si cela demande un savoir assez précis. C’est un autre temps de la retouche photo. Dans la chambre noire bien loin de Lightroom et cie, évidemment les nuances sont bien plus subtiles mais le résultat bien réel ! Quand je vois ce que Pablo Inirio a été capable de faire dans les studios de la mythique agence Magmum photos à New York, on se dit que Photoshop n’a pas fait que reprendre des principes qui existaient déjà. La photo était découpée en zones que l’on exposait plus ou moins pour obtenir les effets désirés. On appelle cette technique le dodge and burn. Dodging pour les zones à éclaircir et burning pour les zones à assombrir. Il faut avouer que les curseurs de Lightroom nous facilitent désormais grandement le travail photographique. Quand on récupérait les photos chez le photographe, les photos n’étaient pas retouchées. On parle juste de développement et d’éventuels tirages. Pas de retouche. Ces deux notions photographiques sont bien sûr différentes l’une de l’autre.
Retouche photo et numérique
De nos jours le développement photo ou retouche photo est bien différent de l’argentique d’antan. Outre le fait de corriger des défauts et des imperfections d’une photo, la retouche photo en numérique va plus loin. Tout dépend aussi du format de fichier que l’on choisit : le Jpeg et le Raw. Appelé .nef chez Nikon et .cr2 chez Canon, chaque marque a son propre format de fichier raw. Le Jpeg est un format de photo numérique compressé devenu norme officielle au début des années 90 et breveté par IBM. Le second est un format brut de capteur. Ce format ne subit pas de compression ni de modification comme le Jpeg. C’est surtout le Raw qui nous intéresse puisqu’il enregistre bien plus d’information numérique pour la post production (retouche photo). Le jpeg est codé sur 8 bit ce qui donne 256 niveau de nuances par couleur, alors que le raw est codé en 12bit ou 14bit ce qui donne 16384 nuances par couche de couleur ! Donc dans la pratique photo en shooting ou reportage, on se concentre sur la prise de vue et le cadrage parce qu’on sait que derrière, en « post prod », les RAW nous permettront de rattraper énormément d’erreur sur l’exposition, les ombres bouchées, etc… Mais attention ce n’est pas une excuse pour shooter à tout va !
Jpeg ou raw quel format choisir ?
Qu’on se le dise une bonne fois pour toute, je shoote Raw ! Le format Raw est un format brut de capteur. C’est le « négatif » du numérique, comme son homologue argentique il n’est pas exploitable tel quel, il faut le passer dans un logiciel de dématriçage tel que Lightroom pour être exploité. Les RAW sortent fades du boitier, un peu plats, sans relief. C’est là que rentre en jeu Lightroom pour donner vie à nos futurs Jpeg (exploitable partout du coup). Le fichier raw est un allié de poids dans la retouche photo mais un des principaux problèmes de ce type de fichier est le poids assez conséquent d’une photo. Sur mon D750 par exemple c’est généralement 28Mo de moyenne par fichier ! Ça peut aller sur un Nikon D810 qui a lui 36 millions de pixels jusqu’à 80Mo la photo ! (Alors je précise, c’est avec les options raw 14 bit et sans compression, sinon c’est plutôt 40Mo en moyenne). Les cartes mémoires se remplissent vite, les disques durs aussi ! Mais ce n’est pas tout, je vous recommande d’avoir un ordinateur (très) récent avec de préférence un SSD et 8go de ram pour vraiment être tranquille ! Par défaut les boitiers numériques sortis d’usine sont réglés sur Jpeg avec différente taille, qualité, etc. Pour le raw c’est plus simple il n’y a qu’un format ! (raw S chez Nikon ndlr).
Les raw enregistrent beaucoup plus d’informations que le jpeg, il a une dynamique bien plus élevée (du fait du nombre de nuances disponibles) avec des détails dans les ombres et les hautes lumières (parties les plus claires de l’image) très importants. En Raw on rattrape les zones trop claires ou trop foncées qui serait perdues avec le format Jpeg. On a la possibilité de régler la balance des blancs dans les logiciels de retouche photo, chose que ne sait pas faire le Jpeg (ou très mal). La balance des blancs permet de donner une dominante de couleurs à la photo en rapport avec la lumière d’ambiance. La balance des blancs permet de définir la tonalité globale de la photo, par exemple plus froid ou plus chaud. Sur une photo d’intérieur éclairée par de la lumière dite « tungstène » la balance sera alors chaude (environ 3200K) alors qu’une photo prise à l’ombre sera froide c’est à dire environ 7000K, etc… C’est une donnée très importante, car elle est à refaire pour chaque photo ! L’avantage du raw dans ce cas précis c’est de pouvoir les modifier dans un second temps. Je laisse pour ma part la balance des blancs sur auto sur mon boitier, c’est une donnée que je rectifie en post production.
Le raw permet de tirer tout le meilleur d’une scène très contrastée comme un contre jour par exemple. Mais les raw ne sont pas lisibles partout surtout sur le web et dans d’autres logiciels (traitement de texte, etc.). Ce format pèse bien trop lourd pour un site web ou pour un mail par exemple. D’où les logiciels de dématriçage ou de retouche (comme vous préférez) pour traiter ces fichiers et les exporter en jpeg utilisable partout et surtout sur le web. Attention toutefois aux ressources de matériel informatique, les raw sont très gourmands en puissance. Il est préférable d’avoir un ordinateur récent comme mentionné plus haut dans l’article. Mais vous allez me dire mais alors quel est l’avantage du format photo jpeg ? Il est utilisable tel quel rapidement, il est très léger, il est lisible partout prêt à l’emploi en quelque sorte. Il est beaucoup utilisé par les photographes travaillant pour la presse qui ont besoin de sortir des fichiers rapidement pour publication.
Les différents logiciels de retouche photo
Il existe bon nombre de solution logicielle de retouche photo. Voici quelques logiciels que l’on croise (très) souvent chez mes confrères, que ce soit des photographes professionnels ou amateurs passionnés.
DXO Photolab
Développé par la société Dxo Labs, un concurrent des produits Adobe que sont Lightroom et Photoshop, ce logiciel de retouche, à la base conçu pour les aberrations des objectifs, est devenu dématriceur. Il est très complet et d’autres logiciels de la même marque permettent aussi la simulation de grain, films argentiques entre autres. Il est très proche de Lightroom dans son fonctionnement.
Adobe Photoshop
Créé en 1988 par les frères Knoll en Californie qui vendirent la licence à Adobe dans la foulée pour distribution, ce logiciel de retouche est une arme absolue en matière de retouche photo. Véritable usine à gaz quand on commence à s’y intéresser, il vaut réellement le coup de prendre des cours tellement les latitudes de travail sont astronomiques. L’avantage de Photoshop c’est surtout le fait de pouvoir retoucher une seule image en profondeur, de la modifier de A à Z, un must have pour les photographes et graphistes.
Adobe Lightrom
Petit frère de Photoshop, lui aussi édité par Adobe, il fut créé en 2007 pour assister les photographes dans leurs tâches de post production. L’avantage de Lightroom c’est la notion de « workflow » car il permet de traiter un grand nombre d’images en même temps avec un système de bibliothèque. Il permet aussi l’édition de livre photo, géomapping, etc. un must have de la retouche photo !
Les autres
Dans la même veine de logiciel de retouche, vous trouverez aussi Gimp qui est un logiciel libre se rapprochant de Photoshop, RawTherappe lui aussi libre, mais aussi les logiciels fournis par les constructeurs que sont capture NX chez Nikon ou Digital photo professionnal chez Canon. Ces derniers sont aussi des outils très performants, mais ne les utilisant pas ou n’ayant pas eu d’expérience avec eux je ne préfère pas en parler.
Lightroom : Le saint graal du photographe?
De mon point de vue oui ! Mais je ne suis pas objectif… C’est un outil très bien pensé et très fonctionnel regroupant toutes les fonctionnalités nécessaires à la retouche photo « de base » sans vouloir trop rentrer dans les détails (de la photo) comme dans Photoshop. Il permet de gérer facilement un « workflow » c’est à dire un groupe d’images en même temps. Non pas que les boîtiers soient mauvais pour prendre une photo, mais il y a une différence entre ce que capte le boitier et ce que voit réellement l’œil humain.
Les modules de Lightrom
Il y a pas mal de modules différents dans Lightroom et je vais parler de deux modules plus précisément : le module bibliothèque et le module développement. Le premier permet d’avoir un classement et un tri des photos par mot clef, métadonnées, etc… On a la possibilité de marquer les images de différentes couleurs ou d’étoiles pour faire une sélection très pratique pour la gestion des fichiers. Et le second, le bien nommé module développement, c’est à cet endroit précis que la magie prend forme. Il regroupe un histogramme avec les exifs de la photo, un niveau pour avoir les horizons droits avec les outils de rognage et de recadrage de la photo, des pinceaux de retouche locale, des filtres gradués mais aussi les exifs de la photo, etc. Le panel réglage de base permet lui de corriger l’exposition, le contraste. Les hautes lumières correspondent elles aux tons les plus clairs de l’image. Vous avez aussi la clarté qui rajoute des micros contrastes à l’image. Cette dernière est un piège à utiliser avec modération : les photos ne sont plus crédibles avec le curseur à fond ! Il y a aussi un panel pour corriger le bruit numérique (détails) lié a la forte utilisation des isos. Un autre panel nommé effet sert lui à rajouter du grain ou du vignetage sur la photo. Les courbes de tonalité et bien sûr des profils de corrections des boitiers et des objectifs. Bref comme vous pouvez le lire, il y a le choix ! Je vous monterai dans un prochain article les fonctionnalités de Lightroom.
Les presets
Un autre avantage de Lightroom c’est les preset que l’on peut appliquer à sa guise sur une sélection de photos. Il en existe des centaines sur la toile. On a la possibilité aussi d’en créer soi-même. Cela fait gagner un temps considérable en post traitement de retouche photo. Car traiter 1500 ou 2000 photos comme dans un reportage de mariage, cela peut prendre énormément de temps et c’est quand même agréable d’avoir le même rendu sur le même reportage.
Lightrom: pour aller plus loin
Je vous ferai aussi un article en entier sur ma façon de traiter des photos dans Lightroom et surtout la façon dont fonctionne l’interface. Pour que vous aussi vous retouchiez vos photos comme un pro ! (Non, je n’ai pas les chevilles qui enflent !)
Conclusion
Les retouches et l’optimisation des photos font partie intégrante du travail photographique. J’y passe personnellement un temps fou mais c’est le prix à payer pour avoir des photos au top du top pour mes clients. Alors oui, c’est là que la magie opère, mon objectif est d’avoir les photos les plus belles possibles et la « post prod » est nécessaire pour avoir un rendu qui appartient à chaque photographe. Quand je rentre de shooting ou de reportage pour moi le travail continue. Pour vous faire une idée sur un shooting modèle par exemple je passe 2h en séance photo pour 4 derrière Lightroom… Pareil pour les mariages, où il est généralement question de plusieurs jours de post traitement pour les clichés ! J’ai bien failli appeler cet article « Oui je suis possédé par Lightroom » ou encore « exorcisez-moi », je vous vois rire derrière votre ordinateur mais c’est la vérité, mon épouse vous le dira !
Voilà j’espère que ce billet vous a plu, n’hésitez pas à partager et commenter cet article. Je me ferai un plaisir de vous répondre si vous avez des questions.