The very beginning
La photo de mariage ne date pas d’hier. De tout temps les mariés et leurs familles ont souhaité immortaliser ce jour si particulier de leur vie de couple. Vous vous souvenez sans doute des célèbres chambres photographiques avec lesquelles les photographes devaient se cacher pour faire la mise au point… C’était une époque (seconde moitié du XIXème siècle) où les photos étaient en noir et blanc, voire carrément sépia. La couleur n’existe pas, le matériel est très imposant, voire quasi intransportable. La photo coûte alors horriblement cher et la photo de mariage est réservée à une élite. Il n’y a bien souvent qu’une seule photo du mariage, voire peut-être une photo de famille mais rien de plus.
L’après-guerre, les pellicules, l’argentique…
Après les deux guerres mondiales, l’argentique prend son envol mais les prix du matériel photo restent chers et les photographes font plutôt poser les sujets, histoire d’assurer le coup et d’avoir ainsi moins de risque d’avoir à jeter des photos ratées, car à l’époque une photo ratée coûte encore cher. Les photographes privilégient aussi les photos en noir et blanc, même si les premières pellicules couleur date du milieu des années 30 avec les kodachromes et les Afgacolors. Le noir et blanc reste majoritaire sur l’après-guerre, on est alors en « full manuel » sur les boîtiers. Les reportages photos ne montrent pas encore le bout de leur nez. Les photographes ne fournissent que quelques photos souvenirs de ce moment unique. Les premiers systèmes de mise au point autofocus font leur apparition seulement à la fin des années 70 chez Konica et vont faciliter le travail de reportage à partir des années 80.
L’avant storytelling
Toute cette période correspond plus à la pose des sujets, c’est à dire des photos de groupe sur les célèbres bancs, les photos dans les parcs, ou encore de la mise en scène photographique classique. Mes clients m’en parlent encore aujourd’hui alors que ce style n’est plus du tout au goût du jour ! Car, comme je le disais plus haut, il était surtout question d’avoir les bonnes photos étant donné que les écrans à l’arrière des appareils photos n’existaient pas encore. Il était donc impossible de savoir si, oui ou non, les photos étaient bonnes ou pas ! Autant vous dire que le stress et l’angoisse de la prise de vue étaient bien réels. C’est une façon de faire du reportage qu’on peut considérer sans prise de risque et sans réelle magie. Mais les mariés étaient sûrs d’avoir des photos de mariage pour eux et leurs familles.
Pendant des décennies le style reste le même. Les photographes possèdent aussi souvent leur propre studio, car à l’époque le métier n’est pas en crise comme il l’est aujourd’hui. Et il y avait aussi le labo photo qui servait à faire le développement des photos, tout ça dans le même local. C’est une époque ou personne n’a encore d’ordinateur à la maison. Les tirages se font chez ce même photographe, pas de photobox ou de borne comme à la fnac ! Pour le reportage de mariage on reste dans le style classico classique efficace sans fioriture. On ne prend pas de risque, « on fait le job » comme on dit.
La nouvelle génération de photographes
Le numérique : la nouvelle ère
Quand le numérique prend son envol dans le milieu des années 2000 c’est une déferlante de fraîcheur qui s’abat sur le métier de photographe. Les studios ferment un à un, internet a le vent en poupe, les sites de photographes fleurissent à tout va. On entre dans une nouvelle ère pour la photo en règle générale. Grâce (ou à cause ?) du numérique, on peut désormais prendre un maximum de photos et les trier tranquillement à la maison, voire carrément les jeter.
C’est un confort de travail, même si les performances des boitiers (Nikon D1 ou encore Canon 1 Ds) ne sont pas celles des boîtiers actuels. C’est surtout la manière de travailler et le confort à la prise de vue qui sont à retenir. Le canon 5D sort en août 2005, c’est le succès immédiat. Le boîtier est à l’époque au milieu d’une gamme de 3 boîtiers entre le 30d et le professionnel 1D. Ce boitier, et les suivants que sont les 5D mark II et 5d mark III, sont devenus des références et ont marqué toute une génération de photographes. Pour vous dire, le 5d mark III est toujours en boutique à l’heure où j’écris ces lignes.
Reportage photo et numérique
Je pense qu’il est important de restituer l’histoire de la photo et la notion de reportage de mariage parce que, dans les faits, ce sont les outils mis à la disposition des photographes qui permettent de faire ce que l’on fait aujourd’hui. Cette phrase vous paraît sans doute un peu bateau, mais les deux vont de paire puisque de nos jours les photographes de mariage veulent coller au plus près du caractère du mariage et de l’ambiance qui va avec. On parle alors de « storytelling » ou « raconteur d’histoire ». Les photos ne sont (beaucoup) plus prises sur le vif, on ne fait plus du tout poser les sujets ou le moins possible, mais on se concentre sur l’instant, sur le moment tout en se faisant oublier pour garder le moment magique et capter tous les petits moments d’intimité et d’émotion. Savoir à la fois se faire oublier et être près des mariés c’est un véritable job !
Être photographe de mariage de nos jours n’est pas ringard, bien au contraire. Il est stimulant par le fait de ramener des photos uniques et personnelles de chaque couple de mariés. Le numérique et la photo de mariage vont de pair puisqu’ils permettent de faire un maximum de photos et de rentrer à la maison sereinement, de faire le tri et l’optimisation des photos dans Lightroom (ou un autre logiciel de retouche photo, ndlr) sans arrière-pensée ou stress de la pellicule ratée. Le post traitement permet d’affiner son style ; je pense aux presets comme VSCO cam qui font qu’on retrouve la patine des pellicules argentiques de l’époque pour donner un style vintage et un peu passé, façon vieille photo, très apprécié par nos clients.
Je pense aussi au format RAW ou « brut de capteur », qui permet de capter un maximum d’information à chaque prise de vue. C’est de nos jours un atout de taille sur les reportages photos. Je ne le dirai jamais assez : JE SHOOTE RAW, car vu la vitesse à laquelle passe une journée de reportage, il vaut mieux avoir un maximum de photo ! Le RAW permet de rattraper beaucoup de choses comme les contre-jours violents à l’entrée dans l’église. Tout ce contexte est favorable à la créativité. On a de la marge de manœuvre en post traitement sur nos photos et les boîtiers sont de nos jours très performants. Bref, la nouvelle génération se régale, on en parle dans le prochain paragraphe.
L’art de la photo de mariage
La nouvelle garde
Le storytelling fait son chemin. Ces dernières années je vois de plus en plus de confrères qui ne disent plus photographe de mariage mais carrément story teller ! Comprenez par-là raconteur d’histoire pour raconter ce jour si particulier en images afin de le rendre unique et personnel. Peut-être ont-ils raison de s’affirmer ainsi pour « décrasser » l’image parfois limite du photographe de mariage pour une image résolument moderne, décontractée et personnelle.
Parmi les photographes que je suis de près sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup de talents non seulement Français mais aussi internationaux. Je ne citerai pas de noms ici, ils sont vraiment trop nombreux. Mais de Instagram à 500px il y a forcément de quoi trouver de l’inspiration pour le reportage de mariage, sans parler des innombrables blogs de mariage sur la toile. Le choix des angles de vue, des textures, des détails du mariage : rien n’échappe au photographe storyteller. Capter dans l’instant la magie se révèle à travers les clichés. Au fur et à mesure de l’expérience le style s’affine. Certains de mes confrères demandent des sommes assez importantes pour un reportage, mais je pense que c’est le prix à payer pour un reportage de mariage à la fois unique et personnel.
La photographie de mariage un art à part ?
Je pense que ce style de photos, le storytelling, amène la notion d’art dans les clichés parce que les photographes prennent des risques et osent. Le photographe cherche en permanence des angles de vue intéressants, tout en essayant de ne pas perturber la cérémonie ou l’instant. Il faut savoir que couvrir un mariage ne s’improvise pas, c’est le marathon. Et pour sortir de belles photos, il faut avoir l’impression « d’en baver » vraiment. J’ai pour ma part à peine le temps d’aller aux toilettes ou de boire un peu d’eau ! Vous allez sans doute me dire mais tu en fais trop ? Sans doute, mais j’estime que cela fait partie du job de photographe de mariage de ramener le plus d’images possibles d’une part et d’avoir le plus de choix en post traitement tranquillement à la maison d’autre part.
Je sais que pour certains la notion d’art dans la photo de mariage est absolument inconcevable, mais je vois de plus en plus de gens créatifs et inventifs sur les réseaux sociaux. Je ne vous parle même pas des écarts de niveau entre pro et amateur/passionné. C’est à se demander qui est le professionnel de la photo et qui est l’amateur !
Conclusion : le storytelling un effet de mode ?
Non certainement pas ! Des fois je me demande, tellement je vois des reportages de mariage vraiment décalés, si les clients sont en phase avec le travail proposé. Parce que, concrètement, si on n’a pas de clients, on n’a pas de revenu…Ça paraît bête, mais l’audace en photo et l’inventivité sont une chose, trouver des clients qui sont prêts à avoir un style de photos bien particulier en est une autre !
Mais je tiens à rassurer ceux qui ne sont pas en phase avec ce style de reportage photo, le classico classique de la photo de mariage a encore de vieux restes, surtout avec les photographes en place depuis un certain temps. J’en ai encore eu la preuve récemment avec le mariage d’un couple d’amis. Non pas que ce soit douteux, mais il en faut pour tous les goûts et surtout toutes les bourses. Comme je le disais, ça manque un peu d’audace, de prise de risque et de parti-pris parfois. C’est une autre façon de voir les choses. Le marché de la photo de mariage est assez grand pour tout le monde, mais il est de plus en plus pour ceux qui veulent exprimer leurs talents. Allez osons le mot « artiste » !
Voilà j’espère que ce billet vous a plu, n’hésitez pas à partager et commenter cet article. Je me ferai un plaisir de vous répondre si vous avez des questions.