Par défaut vos boîtiers prennent des clichés au format jpeg alors que le raw est pourtant bien plus qu’une simple option !
Le processus de prise de vue
Avant toute chose il faut d’abord comprendre le processus de prise de vue, c’est-à-dire ce qu’il se passe lorsque vous appuyez sur le déclencheur. A ce moment précis, votre appareil photo enregistre un certain nombre de données liées à la lumière à travers le capteur. Ce dernier transforme le signal en données numériques et là, plusieurs options s’offrent à vous : RAW et JPEG.
Sur les boîtiers plus hauts de gamme, vous avez aussi parfois tiff mais ce format reste marginal. Pour le JPEG, vous avez différentes tailles d’images (S, M, L) et de poids (fine ou normal), vous comprendrez plus bas pourquoi il n’y PAS plusieurs choix de taille de RAW.
Pour le JPEG, c’est essentiellement dû au fait qu’il est connu pour une utilisation quasi immédiate sans aucune post production. Et le fait d’avoir différents formats permet d’aller plus vite dans le partage de l’image.
Qu’est-ce qu’un format photo ?
Le numérique ne date pas d’hier, l’histoire remonte au beau milieu des années 70, lorsque les ingénieurs de chez Kodak fabriquent le premier appareil photo de l’histoire. Revenons sur ses détails techniques : on est sur un boîtier de près de 30 kg et qui sort des images 100*100 pixel. Faire une photo prenait près de 20 secondes … En gros c’est comme si une enclume sortait des photos de très mauvaise qualité lorsque le sujet est déjà beaucoup trop loin. Mais à l’époque, le fait de remplacer le mode de capture de la lumière sur une surface sensible chimique par un capteur électronique est un vrai progrès.
Quoi qu’il en soit un format photo est défini par :
Une taille
Par exemple 1920 x 1280, correspond à une hauteur et une largeur de pixel. Par exemple 200 x 300 est une petite taille, alors que 4000 x 6000 est plutôt très grand. La taille influe sur le poids de l’image.
Résolution d’image
Toujours en lien avec la taille de l’image, elle correspond à un rapport entre la taille et la définition. C’est en fait une mesure de densité de pixels par pouces près ; on l’exprime en DPI. C’est un critère très important pour l’impression de vos photos.
Profondeur de couleur
Les fameux bits, il faut imaginer cette donnée comme un puits : plus il est profond plus vous avez des données enregistrées. Et par la suite vous aurez des facilités à reprendre les nuances de couleurs en post traitement.
Pour un JPEG, c’est 8 bits c’est-à-dire 256 nuances par couleur : 256 pour le rouge, 256 pour le vert et 256 pour le bleu.
Pour le RAW, c’est nettement supérieur puisqu’il est généralement en 12 ou 14 bits. C’est-à-dire respectivement 4 096 niveaux et 16 384 nuances de couleurs rouge, pareil pour le vert et pareil pour le bleu. Pas besoin de commentaire ! Cela est considérable pour récupérer des nuances de couleurs en post traitement. Nous en parlerons en détail un peu plus bas.
Poids
Exprimé généralement en Mo (méga octet), ce dernier facteur est influencé par la taille de l’image, la profondeur des couleurs et la résolution.
Type de fichier
Il existe tout un tas de format photo différents, nous allons voir aujourd’hui les deux principaux à savoir le RAW et le JPEG.
Mais il en existe d’autres comme le TIFF, ce format contient plus d’informations qu’un JPEG et un peu moins qu’un RAW. Il est supporté par de nombreux logiciels de retouche et très apprécié pour les impressions. Mais il n’a que très peu d’intérêt pour nous autres photographes. Si certains utilisent le format TIFF, je serais curieux d’avoir vos retours dans les commentaires.
Qu’est-ce que le format JPEG ?
Le format JPEG (pour « joint photography experts group ») est un format destructeur, c’est-à-dire que c’est une norme qui définit un algorithme de représentation d’une image. Il a vu le jour officiellement au début des années 90. On dit que c’est un format destructeur car une fois l’image « faite », c’est irréversible.
Le fichier reçoit une certaine quantité de traitement (balance des blancs, contraste, netteté, etc…) avant d’être enregistré sur la carte mémoire de votre boîtier. C’est le boîtier qui fige les informations.
Le gros problème c’est qu’à chaque nouvel enregistrement du fichier (successivement) le fichier se dégrade… Je vous rassure il faut une bonne cinquantaine de sauvegardes successives pour voir une réelle différence. Mais la différence existe !
Avantages du format JPEG :
- Ce format est reconnu par de nombreux supports informatiques : c’est un format universel.
- C’est un fichier très léger.
- Facilité de partage.
- Il est utilisable dès sa sortie de boîtier.
Inconvénients du JPEG :
- Impossible de récupérer la balance des blancs en post production.
- Plage dynamique réduite (écart entre les tons les plus foncés et les tons les plus clairs).
- Dégradation à chaque nouvel enregistrement.
Le problème du jpeg c’est qu’il demande une bonne maîtrise des réglages de son appareil photo avant la prise de vue puisque les réglages sont irréversibles, tout le travail devra se faire en amont.
Quand utiliser le format JPEG ?
Typiquement, le JPEG est le format utilisé par les photographes de presse ou de sport qui ont besoin de livrer leurs images très rapidement sans passer par la case longue et fastidieuse de la post production.
Ou encore pour les photographes qui sont allergiques à la post production (ça arrive). Je pense aussi aux photos de famille pour lesquelles il n’est pas forcement utile de retoucher les photos pour obtenir un aspect sympa. Souvent, le moment de la photo compte plus que la tonne de clarté que vous allez vouloir mettre dessus.
Le JPEG en post production
Houla ! Sujet au combien épineux… A mes débuts, je n’étais pas informé sur le format RAW. Résultat des courses, j’ai donc pris toutes mes photos en JPEG et quand j’ai pu m’offrir Lightroom, j’ai commencé à retoucher mes photos au format JPEG et là, c’était le drame…
J’avais publié une photo qui avait récolté beaucoup de « like » sur la page Facebook de la ville de Bordeaux. Pourtant, quelques années après, je ne suis pas fier de ce cliché. Pourquoi ?
Le coté fluo sans doute ! Et le fameux curseur de clarté des réglages de base de Lightroom ! Aucune couleur n’est fidèle, comme si vous aviez mis la dose de sel dans un plat : ça a du goût, mais c’est absolument indigeste.
Je ne recommande pas le JPEG en post production, ce n’est pas sa fonction première. Ce format est fait pour être utilisé brut de pomme à la sortie de la carte mémoire. Vous pouvez faire du recadrage et y mettre vos filigranes (je ne suis pas picasso perso), mais par pitié n’utilisez pas le bouton clarté sur vos JPEG !
Qu’est-ce que le format RAW ?
Le format RAW est un type de fichier qui n’a subi que peu ou pas de traitement, soit tout l’inverse du JPEG.
RAW signifie « brut » en anglais et pour chaque fabricant d’appareil photo numérique il porte un nom différent : .Nef chez Nikon, .CR2 chez Canon, .3fr chez Hasselblad ou encore .dng chez Abobe.
Le format RAW n’est pas un standard, c’est pour cette raison que les constructeurs ont chacun le leur. Mais le principe « capture » des données d’une scène reste le même.
On considère le raw comme le négatif du numérique. Malheureusement, on ne peut pas l’utiliser directement. Il va devoir passer par un logiciel de post production pour sortir tout son potentiel photographique. Aucun des paramètres n’est figé, tout l’inverse du JPEG. C’est à vous, en post production, de mettre les curseurs où bon vous semble, puis d’exporter votre image en JPEG pour le coup.
A la grande différence de ce dernier, vous ne risquez pas de perte de qualité due à la compression du fichier en post production, puisque le fichier dispose d’un plus grand nombre de données que sur un JPEG.
La latitude de travail du RAW est telle que même une erreur d’exposition à la prise de vue est rattrapable en post production. Le RAW est récupérable même sur plusieurs IL d’écart, sans que l’image ne soit dégradée. C’est un vrai plaisir !
Avantages du RAW :
- Grande latitude de travail en post production.
- Grande plage dynamique.
- Pas de perte de données.
Inconvénients du RAW:
- Poids des fichiers.
- Nécessite du post traitement pour être exploité.
Quand utiliser le format RAW ?
Le RAW est le saint Graal du photographe, mais pour un débutant c’est souvent un peu déroutant je comprends !
Il est absolument nécessaire de shooter en RAW lorsque les écarts entre les tons les plus clairs et les plus foncés sont trop importants, par exemple en contrejour. Lors des couchers de soleil, le RAW enregistre aussi plus d’informations, notamment dans le ciel ou dans les nuages. Dès que les conditions de lumière deviennent difficiles, en règle générale, vous pourrez rattraper nombre de choses par la suite.
Le revers de la médaille ?
Oui, je sais qu’une mise au point est parfois nécessaire car j’ai personnellement pris parti de shooter moins pour shooter mieux. Le numérique et le RAW nous donnent une énorme masse de données à traiter et lorsque que, comme moi, on est pro et que c’est notre quotidien, les disques durs se remplissent très rapidement. Peut-être trop rapidement même… D’où le revers de la médaille, je vous recommande de bien sélectionner vos sujets car sinon vous allez avoir beaucoup de photos inutiles.
N’oubliez pas une chose, c’est que la définition du capteur augmente considérablement le poids des fichiers RAW et que, par exemple, sur un D800 les RAW arrivent facilement à 80 Mo sans compression et en 14 bits. Mon D750 est à 28 Mo la photo en moyenne à titre d’exemple.
Les cartes mémoire rapides aussi sont préconisées pour un enregistrement rapide des données. La notion de workflow est aussi très importante à aborder car vous allez devoir faire des choix rigoureux pour gagner du temps et ne publier ou garder que l’essentiel des photos prises. C’est personnellement un choix rigoureux car le format RAW est très gourmand en ressources informatiques.
Si votre ordinateur commence à avoir de l’âge et que vous voulez faire des photos en RAW et de la post production avec, par exemple, un boîtier très pixélisé comme le D800, vos aperçus vont mettre une éternité à s’afficher… encore le revers de la médaille ! J’ai fait ce choix là car c’est, à mon sens, la vraie raison de faire de la photo : quelques bonnes photos plutôt que beaucoup de moyennes. Et surtout une grande latitude de travail en post production !
Quel logiciel pour développer les RAW ?
Il en existe des tonnes ! Citons les principaux : Photoshop et Lightroom, mais aussi Aperture, Gimp, Rawtherapee, etc… J’utilise personnellement uniquement Lightroom. Je pense qu’il s’agit sans doute du meilleur outil sur le marché pour la post production.
Shooter en RAW + JPEG ?
Quitte à choisir pourquoi ne pas shooter avec les deux formats ? Certains appareils photos numériques proposent ce genre de prouesse technique. Au moins, même si vous êtes sûr de votre JPEG, vous pourrez toujours tweaké le RAW plus tard.
Conclusion
Est-ce vraiment nécessaire de faire une conclusion ? Je pense que chacun des formats a son lot d’avantages et d’inconvénients. Le RAW l’emporte pour les détails, alors que le JPEG l’emporte pour la légèreté et son coté prêt à l’emploi.
Voila J’espère que ce billet vous a plu vous avez les commentaires grands ouverts !