Légende de photographe : le mode M ou comment rater (beaucoup) de photos !

Légende de photographe : et dieu créa le mode M

« La légende du mode M », combien de fois j’ai entendu dire : « si tu n’es pas en mode M sur ton boîtier dernier cri top niveau xx millions de pixel, tu n’es pas un vrai photographe ! »

En fait j’ai l’impression que dans la communauté de photographe en général, il est impératif de maîtriser absolument ce mode. Pourtant, il existe d’autres modes sur le boîtier (heureusement !). Cet article n’est pas un coup de gueule (ou presque !), mais une mise au point.

Je pense ça ne fera de mal à personne, surtout quand une technique ou un mode d’apprentissage de la photo peut frustrer les débutants car il nécessite un certain bagage technique et une bonne connaissance de son appareil photo pour pouvoir sortir des photos nettes à chaque déclenchement.

En gros, vous risquez une belle frustration de la photo avec le mode M pour finir par laisser votre magnifique boîtier au placard à la longue, par manque de résultat. Donc moi qui suis pro (oui des gens payent pour mes services), qui utilise (beaucoup) le mode A ou un autre mode, je deviens la « risée » des photographes…

C’est un classique ! Bref, laissons les gens aigris et probablement imbus de leur personne dans leur coin et parlons technique ! (Sinon dans la vraie vie je suis un mec sympa je vous rassure !)

Bonjour Manuel, ça va?

Mais d’abord qu’est-ce que le mode M ? Le mode M est un mode de prise de vue situé sur la molette de nos appareils photos.

M signifie Manuel ou si vous avez l’accent anglais Manual, (ou espagnol). En d’autres termes, en mode M on gère pas mal de choses en même temps sur le boîtier, c’est-à-dire la vitesse d’obturation, le diaphragme, les ISO.

Comment ça vous ne maitrisez pas le triangle d’exposition? Dans l’ordre, la vitesse du déclenchement, la quantité de lumière qui rentre dans le boîtier, et la sensibilité du capteur ISO.

Le mode M permet de gérer tous ces paramètres de façon indépendante. Et là, je ne parle pas de cadrage de composition de votre photo ! Autant vous dire que dans le feu de l’action, il arrive vite un problème de taille : vous n’êtes plus en phase avec l’action, Bambi au fond du jardin est déjà loin, mamie a eu le temps de laver les bêtises du petit dernier et vous vous avez de très grosses gouttes sur le front !

Soyons sérieux, la photo c’est du plaisir, le mot reflex ne vient pas de nulle part ? Vous faites quoi de la spontanéité ? Du quart de seconde, je cadre, je shoote ? Pourquoi se forcer à apprendre en mode M alors qu’il y a un truc tout bête, plus simple d’accessible ?

Le mode A comme Aperture

Quoi il existe un autre mode que le mode M pour faire de bonnes photos ? Non ! Je n’y crois pas ! Allez, je vous livre un secret, je shoote environ 90 % du temps en mode A.

Beaucoup plus spontané, ce mode est beaucoup plus simple à gérer également. Disons qu’on garde plus facilement le contrôle, les images deviennent « plus faciles ». Mais ça reste technique, attention !

Si la vitesse d’obturation n’est pas trop basse, la photo sera logiquement nette. Pour rappel : le chiffre de la focale que vous utilisez avec votre boitier correspond à la vitesse minimum à utiliser. Par exemple, pour un objectif 50mm, on utilise au minimum 1/50s de vitesse d’obturation. Afin d’obtenir des photos nettes à chaque coup, je double, voire triple ce chiffre pour avoir l’esprit tranquille.

Dans le mode A on ne gère plus que la quantité de lumière principalement. A signifie Aperture, ouverture en anglais pour nous autres français. En fait, c’est vous qui choisissez quelle quantité de lumière rentre dans le boîtier et le processeur de votre appareil photo calcule la vitesse nécessaire pour faire la photo.

Vous aurez aussi pris soin de régler les isos en conséquence. On peut aussi parler du mode S, priorité vitesse, où l’on règle une vitesse d’obturation et le boitier gère le diaphragme. J’ai lu que certains photographes animaliers utilisent cette technique avec les isos en auto, mais il s’agit d’une façon de travailler parmi d’autres.

Vous l’avez compris ce n’est pas aussi simple, maîtriser son matériel demande du temps, mais un bon photographe doit faire corps avec son boîtier. Le temps et la pratique sont essentiels, et Robert Capa disait « vos 10 000 premiers clichés seront vos pires ». C’est assez direct, mais il avait raison !

Les photographes doivent maitriser un certain bagage technique pour sortir les meilleures photos. Mode philosophe ON : l’appareil n’est qu’un outil pour figer notre vision de la scène ou du moment, mode philosophe OFF.

Ouverture

Sans vouloir vous embrouillez avec trop de termes techniques, le Mode A bénéficie d’un autre avantage : la maîtrise de la profondeur de champ. C’est la partie nette de l’image entre l’avant et l’arrière de votre sujet. Plus vous allez « fermer » (petit f) plus votre profondeur de champ est faible donc votre sujet parfaitement dans son fond. A l’inverse plus votre f sera grand, plus vous aurait une grande partie nette, comme en paysage où on utilise f8 ou f11 par exemple.

Oui, mais ça on le maîtrise aussi en mode M me direz-vous puisqu’on contrôle tout… Oui, mais pour le coup, en mode A on se concentre sur le diaphragme et la profondeur de champ que l’on souhaite. La vitesse elle est calculée par le boîtier, si la vitesse est trop faible on augmente un poil les iso et click !

De l’argentique à nos jours

L’ancienne génération

C’est bien beau Greg, mais je ne pige pas le rapport avec les anciennes générations de photographe ?

J’y viens ! Du temps de l’argentique, tout était manuel on n’avait pas le choix. Oui, même la mise au point. Or, de nos jours, les objectifs aussi possèdent un autofocus pour la mise au point qui a fait son apparition à la fin des années 70. Les photographes ont donc appris à tout faire en mode manuel pendant des décennies. Cette pratique photo est donc restée pendant longtemps puisque apprise de tous comme les bases de la photo (une sorte de dieu).

Ce n’est pas une mauvaise école, mais je pense que la technologie a bien évolué depuis 10/15 ans. Les boîtiers et les processeurs embarqués sont devenus extrêmement performants tandis que les photographes sont restés campés sur des positions d’un autre temps.

A l’époque, avant l’ère du numérique, l’argentique avait ses défauts et ses qualités. Le temps de développement des pellicules, et surtout leur coût, obligeaient les photographes à bien réfléchir à la façon dont ils allaient prendre une photo. J’accorde cette dernière à « l’ancienne génération », on prend dorénavant moins de temps à réfléchir à notre photo avant de déclencher, mais ce n’est pas le sujet du jour.

Nouvelle génération

De nos jours les boîtiers comme le D750 de chez Nikon (mon boîtier à l’heure où j’écris ces quelques lignes) dispose, lorsque vous avez l’œil dans le viseur en mode M, d’une cellule en bas du viseur ou plutôt un curseur qui calcule si vous êtes surexposé ou sous-exposé.

Donc on « triche » si l’appareil nous dit tout, calcule pour nous en fait ? Oui, en quelque sorte, mais attention, seuls les boîtiers haut de gamme propose ce genre de service. C’est très pratique, mais pourquoi s’obstiner à continuer en mode manuel alors ? Par plaisir de bien exposer sa photo ?

Dans les faits, je règle les ISO en premier, l’ouverture du diaphragme et je tourne la molette qui gère la vitesse d’obturation jusqu’à voir le curseur arriver pile au milieu, je déclenche et je regarde mon histogramme pour voir si ma photo est correctement exposée ou pas !

Je recommence si ma photo est trop sombre ou trop claire, en baissant ou augmentant la vitesse d’obturation. Dans les faits ça prend un temps fou… juste pour une photo. Personnellement j’imagine mal travailler de la sorte en reportage de mariage. Ça, c’est pour les fondamentaux de la pratique photo en mode M.

Chacun a sa façon de bosser, je vous explique juste que la vieille école des argentiques full manuel est bien loin derrière nous ! Je vois d’ici la bronca générale des puristes venant me souffler dans les bronches.

Mais n’en déplaise à ces derniers, je garde ma spontanéité pour moi et les problèmes d’égo au placard. J’aimerais qu’on me dise dans les commentaires si vous avez de meilleurs photos en mode A ou en mode M, avec une argumentation, s’il vous plait !

Que faire alors quand on est débutant ?

Prendre du plaisir ! Par que oui c’est d’abord une passion pour l’image qui nous anime tous !

Il faut d’abord penser à se faire plaisir en photo. Je ne conseille pas le mode M aux débutants de la première heure, vous l’avez bien compris parce que vous allez rater beaucoup de photos.

Avant de bien comprendre, et surtout de bien maîtriser les fondamentaux, la composition et les fonctionnalités mises à votre disposition sur votre boîtier, essayez-vous donc au mode A, puis, dans un second temps, pourquoi pas vous diriger vers le mode M. Mais il va vous falloir de la pratique et de la patience.

Il y a un gap technique à franchir c’est vrai mais une fois derrière vous, vous verrez, les choses viendront d’elles-mêmes !

Conclusion

Cependant il y a une utilisation bien spécifique du mode M. Car, oui, dire ouvertement « le mode M c’est trop dur pour les débutants, vaut mieux être un photographe aguerri » (ou aigri ?) c’est bien, mais les constructeurs d’appareil photo ne le proposent pas pour rien sur leurs boîtiers quand même.

C’est dans le studio, couplé à l’utilisation du flash en général, que le mode M prend tout son sens. Sur les photos de scène aussi le mode manuel vous sauvera de situations quand la cellule sera complètement perdue. Dans ce contexte, on utilise uniquement le mode M parce qu’en studio photo la lumière est parfaitement maitrisée de A à Z.

J’ai essayé un shooting studio en mode A et c’est une catastrophe : la cellule de mon appareil photo est perdue.

Vous l’avez bien compris mon but ici n’est pas de vous embrouiller avec des termes trop techniques, mais de vous faire comprendre la mentalité de la profession et de ne pas écouter forcément les gens qui vous poussent vers ce mode sous prétexte qu’il fera de vous un meilleur photographe, je vous le redis : c’est faux.

J’ai démarré la photo en mode A et je le vis très bien. Je ne pense pas utiliser le mode manuel plus que ça car j’aime la spontanéité dans la photo et pour ce faire, le mode A me va très bien. Après tout, l’important c’est d’être à l’aise dans sa pratique photo, non ?

Voilà j’espère que ce billet vous a plu, n’hésitez pas à partager et commenter cet article. Je me ferai un plaisir de vous répondre si vous avez des questions.

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