Le 50mm est une focale de référence dans le photojournalisme et le reportage en général qui a longtemps été fourni d’office avec les boîtiers argentiques de l’époque. Mais c’est aussi mon objectif favori !
Objectif 50mm : présentation
Mais d’abord qu’est-ce qu’une focale ?
Pour rappel une focale ou plutôt le mot distance focale est exprimé en millimètre. C’est la distance entre un centre optique et un plan principal le capteur. Cette mesure permet de définir un angle de prise de vue suivant la taille du capteur, je vous la fais courte mais c’est un peu plus complexe que ça. Plus cette distance est grande, plus la focale est longue et donc l’angle fermé. Un objectif 24mm a un angle plus ouvert qu’un 50mm et ce dernier a un angle plus ouvert qu’un 85mm par exemple (avec la même taille de capteur). Evidemment, il faut mettre en rapport cet angle avec la taille du capteur.
50mm c’est fixe !
Le 50mm correspond, selon les dires de beaucoup de photographes, à l’angle de vue de l’œil humain. Dans les faits, et à mon sens, c’est un poil différent mais laissons les légendes tenir tête. C’est une focale standard en 24*36 (ou plein format), ni zoom, ni grand angle, ni longue focale mais, comme indiqué dans le titre, il est fixe ! C’est-à-dire que vous n’avez d’autre choix que d’avancer ou de reculer avec vos jambes. Cela vous oblige à sortir de votre zone de confort pour devenir un meilleur photographe, vous n’avez pas de zoom mais vous avez des jambes !
50mm un objectif (presque) normal
La plupart des grands noms de la photographie ont utilisé un 50mm, de Henri Cartier-Bresson à Doisneau ; beaucoup ont eu cette focale en fétiche. Les objectifs en 50mm sont généralement petits, légers, discrets, peu chers et surtout redoutablement efficaces. A l’image du 35mm ces focales ont depuis toujours fait partie des besaces des plus grands photographes de par leur légèreté, leur ouverture mais surtout leur poids. Longtemps les photographes n’ont pas eu de zoom, il n’y avait donc que des focales fixes disponibles. Le 50mm est un objectif « normal », ni grand angle, ni téléobjectif. Il permet de traiter tous les sujets du quotidien. Que ce soit en photo de rue ou des portraits pendant les années de la photo en argentique, le 50mm était un objectif vendu de base avec les boitiers.
Le 50mm dans l’histoire de la photographie
Le tout premier appareil photo sous la forme que nous connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire un boîtier compact et facilement transportable utilisant des films 35mm de cinéma, date des années 1920. Il faut aller en Allemagne, du côté de Wetzlar, à la firme légendaire qu’est Leica. Le modèle Leica I était équipé d’un…50mm. Les photographes comme Robert Capa en raffolent. A l’époque, les focales sont comptées en centimètre, on note alors l’objectif f :3,5/5cm. Nous voilà donc avec le premier appareil photo « reflex » grand public équipé d’un 50mm. Je n’ai pas réussi à trouver les toutes premières traces « officielles » du 50mm mais une chose est sûre, il fait partie de l’histoire de la photographie. Dans l’histoire de la photo les zooms ne sont apparus que dans les années 60, ils étaient, à l’époque, chers et pas forcement de bonne qualité à en juger les témoignages que j’ai pu recueillir sur la toile. Donc les photographes n’ont pas eu d’autres choix que d’utiliser des focales fixes pendant des décennies.
Le 50mm dans la pratique photo
Personnellement si je devais en retenir qu’un seul dans tous mes objectifs, je pense que je choisirais le 50mm pour sa polyvalence poids/luminosité/encombrement/compacité. Je vous détaille ici ses avantages et inconvénients, mais pour ces derniers j’ai dû me creuser la tête !
Avantages
Premier avantage incontestable du 50mm de nos jours c’est son rapport qualité/prix : si vous regardez de près les gammes d’objectifs, que ce soit chez Nikon ou Canon l’objectif le moins cher est… le 50mm ! On le trouve pour moins de 200€, même moins de 100€ chez Canon. Bon, ok, pour 100€ l’objectif est fait de plastique mais quand même ! Seules les versions f/1,4 dites « pro » ont une construction beaucoup plus sérieuse, mais ce n’est pas le même budget. Sa légèreté et sa compacité (surtout les modèles f/1,8) en font un atout de poids. Il se fait toujours discret au fond du sac photo, il peut dépanner sur des portraits si le 85mm est resté à la maison. C’est simple en shooting ou en reportage de mariage je sors soit avec le couple 28mm 1,8G et 50mm 1,8G ou soit le couple 50mm f/1,8G et 85mm1,8G. Ce dernier est idéal pour les shootings de mode ou portrait mais vous voyez le 50mm n’est jamais très loin de mon boitier.
Il bénéficie aussi de performances bien supérieures à de nombreux zoom. On pourrait citer les problèmes liés au vignetage : en gros, le capteur de nos chers APN est carré et l’objectif est rond… On observe ce phénomène photographique par l’obscuration des angles d’une photo, surtout à pleine ouverture, là où le vignetage est le plus marqué. Là encore, le 50mm s’en sort bien mieux qu’un zoom grand public. Dans les avantages, on trouve aussi un allié précieux en photo, c’est le poids. Un 50mm pèse 185g chez Nikon : autant vous dire que c’est un poids plume idéal pour le reportage photo ou pour voyager léger. Il y a aussi le piqué, notion appliquée aux détails de l’image, très importante en photo. Les formules optiques approuvées depuis des décennies ont fait leur preuve, ce qui explique en partie son prix bas. Mais c’est surtout sa facilité de fabrication pour les constructeurs qui rend les coûts de production si bas. Le 50mm est très souvent bien placé parmi les tests en laboratoire d’objectifs, notamment chez DxOMark, très populaire sur les forums photo et surtout très pratique pour comparer les performances pures d’un objectif sur n’importe quel boitier et vice versa. Mais attention les tests DxOMark ne remplacent pas le terrain !
Ouverture
Un autre avantage du 50mm en photographie, c’est surtout son ouverture, vous savez la fameuse quantité de lumière qui rentre dans le boitier. Les 50mm f/1,8 sont très (très) lumineux, beaucoup plus qu’un 18-55 du kit de base monté sur beaucoup d’appareils photos grand public. Dans les faits cela représente environ 4 fois plus de luminosité ! C’est beaucoup et très appréciable dans les environs où l’on manque de lumière. Il permet de se passer du flash dans certains environnements. Par exemple, quand je suis dans une église pendant un reportage de mariage, la grande ouverte me permet de garder mon flash au fond de mon sac photo. Je ferais un article sur le flash qui, à mon sens, tue les couleurs et l’ambiance de la scène. Alors que l’ouverture f/1,8 sur les 50mm de base est fortement appréciable en reportage, les modèles pro eux ouvrent à F/1,4, même f/1,2 pour la série L de chez Canon (comptez 1700€, oui je sais ça pique !). Il faut en avoir vraiment l’utilité ou être un amateur/passionné enthousiaste pour s’offrir ce genre de cailloux.
Profondeur de champ
L’ouverture implique aussi un autre paramètre très intéressant, c’est la profondeur de champ. Cette donnée est en fait la zone de netteté de la photo. Avant et après cette partie c’est flou ! Donc avec cette grande ouverture, le 50mm f/1,8 est parfait pour faire des portraits avec de jolis flous d’arrière-plan : on parle alors de Bokeh. Comme je vous le disais plus haut (avec de jolis cailloux très onéreux) plus l’ouverture est grande, plus l’on détache le sujet de son contexte. C’est vous qui allez me dire « parfait ! », sauf que là arrivent d’autres problèmes que je vous explique dans le prochain paragraphe.
Inconvénients
En fait, j’ai beau chercher, le seul vrai grand défaut des 50mm c’est leur angle de champ parfois trop étriqué lorsqu’on entre dans une pièce. Mais ce n’est pas ce qu’on demande à un 50mm d’être capable de faire. C’est bien le seul inconvénient de ce genre d’objectif. Non pas que je fasse l’éloge de cet objectif, mais il est vraiment fabuleux ! Il y a aussi un autre problème « de riche », qui est un problème sans en être vraiment un, qui est lié à tous les objectifs à grande ouverture en général (f/1,4 et moins) : à pleine ouverture la profondeur de champ devient aussi épaisse que du papier à cigarette, le moindre écart de mise au point entraine une photo floue ou ratée. Heureusement pour nous, les constructeurs d’appareils photos ont conçu des réglages de précision de l’AF (Auto Focus) pour éviter ce genre de problème. Ce problème n’est pas spécifique au 50mm, mais à beaucoup d’objectifs à forte ouverture. Soyons honnête je cherche la petite bête, pour le reste le 50mm c’est vraiment que du bonheur !
Tout photographe se doit de maîtriser le 50mm?
Vaste question, mais ce n’est pas parce que vous allez acheter un 50mm que vous allez devenir un super photographe du jour au lendemain ! Désolé d’être très direct mais, même si les plus grands photographes du XIXème siècle ont eu cette focale dans leur besace, c’est vrai, comme je l’ai dit dans l’article sur comment sortir du mode auto, il va falloir shooter, shooter et encore shooter pour maîtriser cet objectif et en sortir toute sa quintessence ! Je ne suis pas en train de vous dire de foncer chez votre revendeur favori acquérir ce caillou, mais le 50mm ne laisse personne indifférent. Je trouve personnellement cette focale plutôt polyvalente pour faire du paysage ou de la photo de rue mais aussi des portraits ou encore des photos en famille. En portrait il ne déforme pas les visages, il laisse de la place au sujet quand le 24mm est trop large et que le 85mm « serre fort ». Polyvalent n’est pas un mot péjoratif pour qualifier quelque chose qui sait faire beaucoup de choses ! Mais faut-il posséder un 50mm absolument ?
Bien sûr que oui !
Avec une focale fixe on s’oblige à aller chercher le cadrage et à bouger autour du sujet. En fait, le principal atout des focales fixes c’est leur coté créatif, comme je l’ai déjà dit dans un autre article de blog c’est « tout bénef’ » pour la créativité, car on se centre sur le sujet. Si ça ne tenait qu’à moi, je n’utiliserais que le 50mm en reportage de mariage. Il est parfait pour être à côté des mariés pendant les cérémonies, mais aussi pour faire des photos de couple ou des portraits des invités. Il est appréciable dans beaucoup de situations du quotidien. On pourrait dire que c’est un objectif polyvalent, même si je n’aime pas trop ce mot il est pourtant valable pour le 50mm. Il trouve aussi idéalement sa place dans les « triplettes » 28/50/85 1,8G ou encore 24/50/85 1,4G (je parle en Nikoniste). Ces triplettes sont les compagnons idéals du photographe et permettent de couvrir environ 80% des besoins photographiques. Et, vous l’aurez deviné, le 50mm y a une place centrale.
Bien sûr que non !
Sans vouloir vous faire du rentre-dedans, posséder un 50mm ne fait pas de vous un meilleur photographe ! Je sais c’est assez brutal et presque impoli de ma part, mais le 50mm lorsqu’on débute en photo n’est pas forcément un choix judicieux car le fait d’avoir un seul angle de prise de vue et peu de recul dans les endroits confinés compliquent les choses. On pourrait aussi citer l’absence de stabilisation optique (qui permet de réduire les flous de bougé), mais en général elle est inutile pour ce genre d’objectif puisque les constructeurs de reflex considèrent que l’ouverture est assez grande tout en gardant de la légèreté, caractéristique des focales fixes.
Conclusion
Difficile de trouver des arguments contraires au 50mm tant les formules optiques ont fait leurs preuves dans le temps. C’est pour cette raison qu’on le retrouve à des prix défiants toute concurrence chez nos revendeurs photo favoris. Que ce soit en vacances, ou pour faire des photos de famille, le 50mm a sa place partout. Dans le photojournalisme il a même une place de choix à coté d’une autre focale légendaire comme le 35 mm… Ce dernier a été lui aussi décliné dans beaucoup de versions. J’aime le 50mm c’est un fait. Il fait partie de ma vie de photographe même si je pense que les versions f/1,4 voire f/1,2 (chez Canon) sont trop onéreuses à mon gout, surtout pour le peu de gain de lumière obtenu : pas sûr que l’effort financier demandé soit vraiment justifié. Je pense aussi aux versions légendaires de chez Leica, le bien nommé Noctilux 50mm f/0,95 asph en monture M, que l’on trouve à des prix astronomiques, mais la firme de Wetzlar et son travail d’artisan sont très appréciés par mes confrères photographes depuis des décennies. Comptez près de 8 000€ pour un exemplaire de cet objectif de légende. Les versions F/1,8 restent des must have de la photo à avoir au fond de son sac photo. Je serais ravi de savoir dans les commentaires si vous aussi vous utilisez cette focale.
Voilà j’espère que ce billet vous a plu, n’hésitez pas à partager et commenter cet article. Je me ferai un plaisir de vous répondre si vous avez des questions.