La profondeur de champ, soyez créatif !

Introduction : qu’est-ce que la profondeur de champ ?

En photographie la profondeur de champ est la zone où votre sujet est net.

Nous allons voir à travers ce billet comment s’en servir au quotidien dans vos séances photo et surtout comment être original et créatif avec.

La mise au point

Pour la profondeur de champ tout commence par la mise au point, car, oui, vous avez envie que votre sujet soit net, pas vrai ?

Comme j’imagine que vous avez un appareil photo moderne, la mise au point se fait grâce à l’autofocus.

Mais il existe plusieurs façons de faire la mise au point je vous mets juste un rappel ici mais ce n’est pas tout à fait le sujet du jour.

  • Manuel : On tourne la bague sur l’objectif jusqu’à ce que le sujet soit net.
  • Automatique : L’appareil choisi lui-même où faire la mise au point (à bannir pour la suite du billet)
  • Sélective : On choisit un collimateur dans le viseur. (LE plus important !)
  • Dynamique : On choisit un collimateur on appuie à mi course et si le sujet bouge comme des oiseaux ou des sportifs l’appareil ajuste la mise au point.
  • Groupé : l’appareil groupe plusieurs collimateurs pour faire la mise au point.

La mise au point est très importante car c’est elle qui détermine quelle zone de l’image vous voulez nette. C’est elle qui va mettre en évidence le sujet par rapport à un arrière plan ou l’inverse ! Vous remarquerez que plus vous serez près du sujet plus votre zone de netteté ou profondeur de champ se raccourcira naturellement.

Attention à ne pas vous faire piéger ! Nos objectifs ont une distance minimale de mise au point, c’est à dire que si vous êtes vraiment trop près de votre sujet votre appareil ne pourra pas faire la mise au point. Autre point important, plus votre ouverture (par exemple f/1,4) sera grande sur votre objectif, plus la mise au point sera précise. Elle peut parfois créer de légers front focus ou back focus c’est à dire que la mise au point et trop devant ou trop derrière le sujet.

Les fabricants ont mis à votre disposition des micros réglages dans le menu de votre appareil, mais il vous faut une mire de calibrage pour déterminer si, oui ou non, la mise au point se fait au bon endroit, mais on s’éloigne du sujet.

Le rôle du diaphragme

La profondeur de champ est directement liée à l’utilisation du diaphragme et ce dernier détermine la quantité de lumière qui passe à travers l’objectif. Plus votre diaphragme sera ouvert (par exemple f/1,8), plus votre sujet sera détaché de son fond et vous aurez un arrière plan flou.

A l’inverse plus vous allez ouvrir votre diaphragme (comme f/16), plus votre profondeur de champ sera grande. C’est très utile en paysage pour avoir tous les plans de l’image parfaitement nets.

Pour maitriser au maximum cette donnée j’utilise personnellement le mode A ou priorité ouverture, tandis que certains utilisent le mode manuel pour une maitrise totale de l’exposition et de l’ouverture du diaphragme. Pour la créativité, la profondeur de champ est un de vos principaux alliés. Elle est en général 1/3 devant le sujet et 2/3 derrière le sujet. Nous verrons plus bas comment s’en servir dans différentes situations.

Et l’objectif dans tout ça ?

L’optique a quant à lui aussi un rôle très important. En effet, plus votre objectif sera grand angle (14mm par exemple), plus la profondeur de champ sera grande et par conséquent moins votre sujet se détachera facilement du contexte. Je parle à ouverture équivalente bien sûr ! A contrario plus votre focale sera grande (400 mm par exemple), plus votre sujet se détachera parfaitement du contexte.

C’est en partie dû à l’effet de compression : plus la longueur focale sera grande, plus vous aurez l’impression que l’arrière plan est proche. En fait votre œil perd la notion de distance dans l’image.

Flou d’arrière-plan ou bokeh

Nous avons donc vu les trois principaux facteurs de profondeur de champ à savoir la mise au point, le diaphragme et le choix de l’objectif.

Le flou d’arrière-plan, ou Bokeh, est la partie floutée de la photo. La qualité de votre image passe aussi par la qualité de votre bokeh, tout l’art de la créativité vient en partie de là. Le hic c’est qu’il est plus difficile à maitriser, dans le sens où c’est l’ouverture de votre objectif qui joue un rôle : plus votre objectif ouvrira en grand, plus vous aurez un bokeh marqué.

Je vous laisse faire des recherches sur les optiques ouvrant à f/1,2, qui, logiquement, détachent parfaitement le sujet. Votre fond se détache bien, mais quid de votre compte en banque ?

La qualité (ou « beauté », si vous préférez) du bokeh va aussi être liée au nombre de lamelles de votre objectif : plus vous aurez de lamelles de diaphragme, plus vous aurez de belles formes rondes et soyeuses en arrière-plan. A l’inverse, si vous avez peu de lamelles, votre arrière-plan sera constitué de tout un tas de formes à facette peu esthétiques. A proscrire donc. On peut donc dire que le nombre de lamelles influe sur le rendu final de l’arrière plan, on parle alors de bokeh crémeux, soyeux, etc.

Comment et quand se servir de la profondeur de champ ?

Maintenant que vous savez que plus la profondeur de champ est grande, plus le sujet est « noyé » dans son environnement, nous allons voir maintenant comment donner un sens différent à vos images.

Le jeu consiste à choisir votre sujet et faire jouer les zones nettes et floues. C’est parti !

Portrait

Pour le portrait on utilise forcément une profondeur de champ courte donc des « petits f » f/2,8 voire moins si votre objectif ouvre assez grand. Le piège c’est d’ouvrir trop grand et d’avoir une partie du visage nette et l’autre floue, surtout si vous êtes très proche de votre sujet. J’ai déjà eu le cas avec une modèle tournée d’un quart, un œil est net et l’autre non, car mon 85mm ouvre à 1,8.

Dans le cas du portrait on dit souvent que les longues focales mettent plus à l’aise votre modèle ou votre sujet. C’est vrai ! Il est tout à fait possible de faire des portraits au grand angle ! L’utilisation de longue focale sur les portraits est un vrai atout puisque votre œil va perdre les notions de distance du fond par rapport à votre sujet.

Paysages

La théorie de base nous pousse à ouvrir en grand le diaphragme pour avoir le maximum de champ parfaitement net (f/13 par exemple).

Il est possible de faire des photos de paysages avec une grande ouverture si vous avez un premier plan sympa et fort. Une belle accroche de premier plan est comme un rocher qui ressort d’un lac. C’est un excellent exercice, vous allez vous concentrer uniquement sur les détails et non sur des grands panoramas.

Pensez aussi à varier les focales, challengez-vous avec une sortie photo avec un seul objectif qui n’a rien à voir, par exemple un 70-200 ou autre. Le but ici est de faire ressortir les choses que vous n’avez pas l’habitude de photographier, vous serez ainsi obligé de sortir de votre zone de confort.

Les zones de transition

Je n’ai volontairement pas fait un paragraphe avec plus d’exemples de prise de vue sinon je vais finir par écrire un livre !

Les zones de transition sont les zones avant la partie nette ou après la partie nette de l’image. Elles sont très importantes car ce sont elles qui donnent un sens de lecture à votre image, elles rentrent aussi dans la composition.

On peut trouver de beaux exemples de l’utilisation des zones de transition. Autre point important dans la profondeur de champ : les différents plans nets et flous arrivent en se dégradant les uns les autres sans réelle saccade.

Le tilt shift

Vous avez déjà dû voir cet effet miniature ou maquette.

Cet effet est dû au fait d’avoir une faible profondeur de champ et un plan de netteté « pas droit ». Le sujet donne l’impression d’être minuscule. La subtilité c’est que, logiquement, le plan net de votre image est perpendiculaire par rapport à votre objectif. Mais que se passe-t-il si le plan de netteté s’incline ? Cet effet est créé généralement par un objectif à bascule. Vous avez dû en voir chez votre revendeur, les objectifs à bascule sont assez peu utilisés car très chers et assez longs à mettre en œuvre puisque le trépied est quasi obligatoire.

L’objectif à bascule permet de faire varier l’inclinaison des lentilles par rapport au capteur. Vous allez donc avoir des zones de netteté différentes entre la gauche et la droite de l’image. Les plans de netteté s’en trouvent logiquement modifiés, d’où cet effet miniature.

Les objectifs à bascule coutent très chers et permettent à la base de récupérer les lignes droites en photo d’architecture. C’est leur utilisation de base, mais il est possible d’obtenir ce type d’effet en post traitement sur Photoshop.

Profondeur de champ : quel matériel ?

Le matériel ne fait pas les photos, mais il va vous aider à faire de jolis bokeh. Je vous détaille les différents facteurs liant la profondeur de champ et le matériel.

Le filtre artistique

Pour faire des bokeh créatifs il existe d’autres solutions que d’investir dans des optiques très lumineuses et parfois chères.

Il existe des filtres à mettre devant votre objectif pour obtenir des effets d’arrière-plan avec des cœurs, des étoiles ou bien d’autres choses encore. Vous pouvez faire le test chez vous avec un simple bout de carton et un cutter pour les plus bricoleurs.

Simplifiez vos photos !

La profondeur de champ nous pousse à simplifier nos images, à mettre moins d’éléments dans nos photos pour que le sujet ressorte de la façon la plus naturelle et la plus douce possible. En vous exerçant vous verrez que vous mettrez moins d’éléments et que chaque élément de votre composition sera bien mieux mis en valeur.

On parle alors de sens de lecture et cela vous obligera à travailler vos compositions et pour le coup stimulera votre créativité. Vous avez sans doute déjà appris les bases de la composition avec par exemple la célèbre règle des tiers ou les nombres d’or. Mais la profondeur de champ rajoute une touche plus artistique une fois celle-ci parfaitement bien maitrisée, vous ne pourrez plus vous en passer !

Un certain investissement !

Pas forcément, mais il est vrai que les optiques à grande ouverture aident particulièrement bien pour obtenir de jolis bokeh. Les fabricants d’optique savent que les photographes sont particulièrement attentifs au rendu du bokeh. Et certaines optiques sont très appréciées pour ça !

Les objectifs

Dans les investissements malins pour travailler le bokeh, je pense au 50mm 1,8 qu’on trouve pour une centaine d’euros chez vos revendeurs préférés. Vous verrez aussi que les optiques de kit n’offrent pas de très grande possibilité sur les effets de profondeur de champ dû au fait que l’ouverture est souvent très limitée.

Les boitiers

Ensuite, concernant les boîtiers sur la gamme 24*36 ou plein format :

Ils ont évidement une profondeur de champ plus courte que la gamme de boitiers APS-C. C’est dû au fait qu’à ouverture équivalente, la profondeur de champ est plus courte à mesure que la taille du capteur augmente. Et, oui, le moyen format a une profondeur de champ encore plus courte (votre compte en banque sera lui aussi plus court … ndlr).

Investir dans un boitier n’est pas forcément nécessaire, mais c’est un ensemble optique et boitier qui va vous aider à bien détacher votre sujet de son contexte lors de la prise de vue.

Conclusion

Pour résumer cet article :

  • Plus j’ouvre le diaphragme, plus j’ai de profondeur de champ (petit f)
  • Plus mon capteur est grand, plus j’ai une profondeur de champ courte à disposition.
  • Plus la focale est grande, plus l’effet de compression « perd » les notions de distance et augmente donc l’impression de profondeur de champ.

Petit message aux puristes qui vont sans doute me dire que je ne parle pas de l’hyperfocale, ni du cercle de confusion dans cet article : je pense que les calculs, les formules mathématiques n’apportent pas grand chose à part de la confusion (surtout pour les débutants). Des exemples concrets sont mille fois plus parlants !

La technique de l’hyperfocale permet d’avoir la plus grande zone de netteté possible sur vos photos. Et, particulièrement, s’il s’agit de la distance à atteindre de manière à ce que tout ce qui se trouve derrière soit net jusqu’à l’infini.

Pour le cercle de confusion c’est une donnée qui est utile pour calculer la profondeur de champ. Ce sont des sujets tellement complexes qu’ils méritent un billet chacun !

Vous trouverez des sites capables de vous proposer un calculateur de profondeur de champ très utile.

Vous avez maintenant toutes les cartes en main pour être créatif avec la profondeur de champ, maintenant c’est à vous de jouer !

Bienvenue

Bienvenue sur mon blog, je partage mes conseils photos et mes derniers travaux. N’hésitez pas à me contacter pour toute question ou pour un devis.